 
 
Archives du journal suisse de l'horlogerie 
        et de la bijouterie
Avec nos remerciements pour ces trésors à la société Promoédition, éditeur de : Heure Suisse, l'Année Horlogère Suisse et du Journal Suisse de l'Horlogerie.
Les efforts des chronométriers               
        Nous ne faisons  que citer les efforts de Christiaan Huygens pour construire des horloges à  pendule aptes à conserver sur un vaisseau l'heure du méridien d'origine.
        Le prix du  Parlement britannique suscita les efforts des chronométriers. Ce prix de  £20,000 était offert au constructeur du chronomètre qui, après 6 semaines de  navigation, n'aurait pas plus que 2 minutes d'écart, c'est-à-dire indiquerait  la longitude à un demi-degré près. La même condition fut formulée plus tard par  l'Académie royale des sciences de Paris en 1769.
Une saine émulation eu lieu au XVIIIe siècle entre chronométriers français et anglais ; il n'est que de citer les noms de John Harrison, Kendall, Mudge, Earnshaw, Arnold en Angleterre, Sully, Julien et Pierre Le Roy, Ferdinand Berthoud en France.
        Le problème des  longitudes - comme beaucoup d'autres - n'est jamais résolu  qu'approximativement. Un jour cependant, on a pu le considérer comme résolu  parce que l'approximation était suffisante pour les besoins de la navigation.  Et, en 1772, Harrison reçut,  après beaucoup de déboires et de luttes, le prix  du Parlement britannique.
        Il serait inexact  de dire que Ferdinand Berthoud fut le premier à résoudre, avec une  approximation suffisante, le problème des longitudes.
  Ferdinand Berthoud, horloger et écrivain  (1727-1807)
Ferdinand Berthoud, horloger et écrivain  (1727-1807)
        Ferdinand Berthoud,  né à Plancemont, canton de Neuchâtel, fut un horloger éminent ; son habileté  manuelle remarquable, son esprit curieux et un don spécial pour la mécanique en  firent un des plus grands horlogers de tous les temps. En outre, il savait  écrire et fut un des rares artistes ayant publié les résultats de, ses recherches  et de ses travaux.
Bien avant 1763, il s'intéressa au problème des longitudes au moyen des horloges marines dont il construisit au moins 37 exemplaires tous plus ou moins différents les uns des autres. Il recherchait surtout la qualité, c'est-à-dire la justesse de la marche. Il faisait des essais, observait patiemment la marche de ses horloges, cherchait surtout les causes des irrégularités dans la marche et dès qu'il croyait les avoir découvertes, s’efforçait de les combattre ou de les supprimer dans un modèle nouveau.
Son talent d'écrivain s'est manifesté par la publication de plusieurs ouvrages importants, entre autres, Essais sur l'horlogerie (1763),Traité des horloges marines (1773), Histoire de la mesure du temps (1802); ce sont de volumineux traités dans lesquels Ferdinand Berthoud expose ses idées, relate ses essais et leurs résultats, décrit très minutieusement les horloges qu'il a exécutées, de sorte que bien des praticiens et des théoriciens en ont tiré grand profit. Plusieurs de ces ouvrages furent traduits en allemand, en néerlandais, en italien.
 Berthoud n'était  pas cachottier ; certes il revendiquait ses droits sur ses inventions, mais il  décrivait dans ses ouvrages les horloges de sa construction donnant quantité de  détails non seulement sur la forme, les, dimensions et les fonctions des organes,  mais aussi sur la méthode et l'outillage requis pour les exécuter de façon  rationnelle et satisfaisante. N'écrivait-il pas dans son « Traité des horloges marines », après avoir dit qu'il est prouvé que  les horloges marines peuvent donner la longitude « ... mais ce serait avoir peu fait pour la  société si l’on, ne rendait pas publique une découverte aussi intéressante que  la possession même de machines éprouvées ne pourrait assurer si elle n'était  accompagnée des principes qui ont servi à leur construction, des dimensions de  ces machines, des soins d'exécution et en général de tout ce qu'il est  nécessaire de savoir pour en faire de semblables et même les perfectionner... »
        Une manière de  penser qui est devenue bien étrangère aux inventeurs et aux industriels  modernes !
        
      
 Les horloges marines    
        Les horloges  marines de Ferdinand Berthoud ne sont pas des horloges de série. On doit admirer  le souci du constructeur d'augmenter constamment la justesse de ses horloges.  Car c'est avant tout la justesse qui le préoccupe puisqu'il voulait résoudre le  problème des longitudes. Ni le prix, ni les difficultés d'exécution, ni le  poids, ni le volume ne jouaient un rôle prépondérant. Et, de fait, les  instruments de Berthoud étaient compliqués, coûteux, pesants (l'horloge marine  N° 8 pesait 120 kg) et volumineux. Ce n'est que vers la fin de sa carrière  qu'il s'est soucié de réduire le volume de ces horloges qu'il appela alors  montres marines. Celles-ci se rapprochent beaucoup, autant en ce qui concerne  le mécanisme que le volume, des chronomètres de marine actuels (la boîte carrée  de l'horloge marine N037 a 6 pouces = 152 mm de côté).
Quelques idées de Ferdinand Berthoud 
        Le Traité des  horloges marines contient 4 parties, intitulées
1ère partie : De la Théorie servant à la construction des horloges marines;
2e partie : De la construction des horloges mariner (description dés horloges N° 1 à 11) ;
3e partie : De la main-d'oeuvre des horloges marines (instruments, outils, procédés de travail) ;
4e partie : Des épreuves et opérations par le moyen desquelles on peut donner aux horloges marines toute la perfection dont elles peuvent être susceptibles.
 La première  partie est intéressante au plus haut point. L'auteur y exprime ses idées  théoriques au moment où il écrit ce traité (1773). Il est indispensable, quand  on parle des idées de Berthoud, de spécifier la date car, au cours de son  existence, il a souvent changé d'opinion. Ceci est tout à son honneur, du  reste, car ces changements étaient généralement; commandés par ses expérience  personnelles ou par celles de ses contemporains. Généralement, ses idées  évoluaient dans le bon sens. Mais on est parfois décontenancé de constater chez  Berthoud des idées paraissant aujourd'hui bien étranges.
  Il était un  autodidacte et ne possédait pas à fond les théories qu'il exposait, ceci se  voit déjà à son vocabulaire ; un savant serait plus sévère dans le choix des  termes scientifiques. Ainsi on trouve chez Berthoud le mot « force » employé  pour désigner, comme nous le faisons, la cause du changement d'état (mouvement  ou repos) d'un corps; mais ce même mot désigne aussi la quantité de mouvement  ou la force vive. On trouve la définition suivante : « J'entends par force ou quantité de mouvement cette propriété qu'a un  corps de vaincre un nombre d'obstacles; alors la mesure de cette force est le  produit de la masse du corps par le carré de sa vitesse. »
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