 
 
Par David Chokron
« Simple composant d’habillage », « point faible de la montre », « petit bouton », la couronne est la mal-aimée de l’horlogerie. Elle se bat pour dépasser les idées reçues et se rendre plus utile, plus technique, plus noble.
 La couronne telle que nous la connaissons a  été inventée par Patek Philippe entre 1844 et 1845. Auparavant, le remontage et  la mise à l’heure se faisaient à travers le cadran, directement dans le  barillet et sur la roue des minutes. S’il existait une excroissance à la montre  de poche, il s’agissait de la bélière, point d’attache de la chaîne. Puis la  marque genevoise décida qu’un point d’entrée unique allait permettre le remontage  sans clé, juste avec les doigts. Ainsi est née la couronne. Puis en 1847,  Jaeger-LeCoultre la fait travailler en coordination avec un poussoir qui  bascule de remontage à mise à l’heure. En tenant ces deux rôles à la fois, elle  permit enfin que les boites de montre restent closes. Globalement, dans le  premier quart du 20e siècle, la montre moderne est définie dans ses  grandes lignes : boite fermée (mais pas étanche), remontée et mise à l‘heure  par la couronne, munie d’anses pour être portée au poignet et de format compact.
La couronne telle que nous la connaissons a  été inventée par Patek Philippe entre 1844 et 1845. Auparavant, le remontage et  la mise à l’heure se faisaient à travers le cadran, directement dans le  barillet et sur la roue des minutes. S’il existait une excroissance à la montre  de poche, il s’agissait de la bélière, point d’attache de la chaîne. Puis la  marque genevoise décida qu’un point d’entrée unique allait permettre le remontage  sans clé, juste avec les doigts. Ainsi est née la couronne. Puis en 1847,  Jaeger-LeCoultre la fait travailler en coordination avec un poussoir qui  bascule de remontage à mise à l’heure. En tenant ces deux rôles à la fois, elle  permit enfin que les boites de montre restent closes. Globalement, dans le  premier quart du 20e siècle, la montre moderne est définie dans ses  grandes lignes : boite fermée (mais pas étanche), remontée et mise à l‘heure  par la couronne, munie d’anses pour être portée au poignet et de format compact.
 Risques
        Cet accès direct à l’intérieur du mouvement a  surtout contribué à faire sortir la montre de sa préhistoire technique. La  couronne est depuis devenue un des points faibles de la montre. Ce n’est pas de  sa faute, mais plutôt une conséquence de sa nature d’interface : le responsable  des problèmes de la couronne, c’est le porteur de la montre. Nonobstant les  problématiques de défauts de fabrication, elle périt de la main qui la porte.  On ne compte plus les tiges arrachées parce qu’on a tiré dessus comme une  brute. Tordues parce que le remontage a été fait au poignet, en tournant la  couronne d’un seul doigt, ce qui fait pression sur la tige. Cassées à cause de  la corrosion, sans parler des boîtes inondées… Bref, la couronne avait besoin  de monter à bord du train d’innovation qui emmène l’horlogerie contemporaine  vers des sommets de technicité. Quelques tentatives modestes ont eu le mérite  d’exister. Par exemple, Sinn produisait pour Bell&Ross une couronne  télescopique, le T-Crown System. Elle se rétractait pour ne pas gêner le  poignet et évitait de casser en cas de choc. Chez Jaeger-LeCoultre, on utilise  depuis longtemps une couronne sur le fond de boîte (avec le minuscule calibre baguette  ref. 101). Moins proéminente, elle est aussi plus difficile à rendre étanche.
Hermétique 
        La seconde fonction de la couronne est de  limiter le contact entre intérieur et extérieur, de réduire les entrées d’air  et avec lui, de poussière et d’humidité. L’étape suivante à consisté à passer  de goulet d’étranglement qui réduit les intrusions à une fermeture efficace.  Nous vivons avec nos montres et en attendons un minimum de résistance aux  éléments. Quand on se lave les mains est un minimum, quand on prend une douche  aussi, sans parler de plongée. L’invention de l’étanchéité est essentiellement  due à Rolex. Des modèles à bouchon de liège avaient été utilisés, on en imagine  la durabilité, avant que Rolex n’imagine un filetage qui permit de visser un  tube sortant de la boite dans l’intérieur de la couronne. A l’époque, l’usinage  d’une telle pièce n’avait certainement rien de facile. Panerai a longtemps  contourné l’obstacle en maintenant la couronne en place par un levier  extérieur, principe de la Luminor. Pour passer à l’étape suivante, Rolex  imagina des joints plastiques, écrasés par vissage, qui lui permirent  d’imaginer des montres pionnières des grandes profondeurs. Mais surtout, c’est  la vocation de marque à fort volume de Rolex qui a répandu son invention, qui  devient ensuite un standard. Elle porte aujourd’hui le nom d’OysterLock.

Boite  de vitesse
        Depuis, la couronne n’avait pas vraiment  changé. L’invention la plus importante de ces dernières années est le fait de  Renaud et Papi, filiale motoriste d’Audemars Piguet et responsable de la  fabrication des mouvements compliqués de Richard Mille. Ce dernier est le  principal utilisateur du sélecteur de fonction. Au lieu d’intégrer le changement  de fonction de la couronne dans la longueur de sa tige (principe du pignon  coulissant) il consiste à créer un embrayage multiposition piloté par celle-ci.  En la pressant, on passe du point mort (position neutre N) à la première  vitesse (remontage W, pour winding) et à la seconde (réglage de l’heure, H). En  la tournant, on effectue l’opération désirée. Ce système est si pratique qu’il  a depuis été employé par Grönefeld, Ulysse Nardin sur son calibre UN-300, par Blancpain  sur le 5254DR qui équipe sa Villeret Demi-Fuseau ou encore par Jaeger-LeCoultre.  Dans la Master Compressor Extreme Lab 2, on bascule entre remontage (N), heures  (Set) et second fuseau horaire (GMT).


No  pull, double pull
      Les solutions les plus pratiques consistent à contrôler  les manipulations de la couronne, en les supprimant ou en figeant la séquence  de sa manipulation. .jpg) Richard Mille a imaginé la couronne qui ne se tire pas,  mais travaille en coordination avec un poussoir. C’est lui qui commande le  sélecteur de fonction et permet à la couronne de travailler dans une seule  position. Intégré dans la RM037, ce système est encore la meilleure des  garanties contre les erreurs. Et il est plus simple d’étancher un poussoir  qu’une couronne, dont la géométrie et les fonctions sont bien plus complexes. De  son côté, H. Moser et Cie a imaginé une solution pour régler les problèmes de  position de la couronne. Quand elle possède trois positions, la tirer pile à la  deuxième est quasi impossible. On atterrit presque toujours à la troisième.  Dans tous les calibres de la marque de Schaffhouse, on a beau tirer comme un  forcené sur la couronne, elle arrive forcément en seconde position. Après un  temps, on peut retirer dessus pour l’amener en troisième position. Ce système « double  pull crown » est généralisé à toutes les montres de la marque.
Richard Mille a imaginé la couronne qui ne se tire pas,  mais travaille en coordination avec un poussoir. C’est lui qui commande le  sélecteur de fonction et permet à la couronne de travailler dans une seule  position. Intégré dans la RM037, ce système est encore la meilleure des  garanties contre les erreurs. Et il est plus simple d’étancher un poussoir  qu’une couronne, dont la géométrie et les fonctions sont bien plus complexes. De  son côté, H. Moser et Cie a imaginé une solution pour régler les problèmes de  position de la couronne. Quand elle possède trois positions, la tirer pile à la  deuxième est quasi impossible. On atterrit presque toujours à la troisième.  Dans tous les calibres de la marque de Schaffhouse, on a beau tirer comme un  forcené sur la couronne, elle arrive forcément en seconde position. Après un  temps, on peut retirer dessus pour l’amener en troisième position. Ce système « double  pull crown » est généralisé à toutes les montres de la marque.
Contrôle  de force
        Restait une dernière modification  substantielle à apporter, liée au remontage. Les montres à remontage manuel  font cohabiter deux types de ressort moteur. Le premier se bloque quand il est  remonté à fond. On le sent sous le doigt. La consigne est de ne pas forcer pour  éviter de le déformer ou de casser le remontoir. Mais le mal est vite fait. Le  second type est à bride glissante : l’extrémité du ressort totalement  enroulé glisse le long de la paroi interne du barillet. Ce système est  fiabilisé car il sert pour les montres automatiques, mais nécessite une  lubrification importante et crée également une usure. La solution se nomme  couronne dynamométrique. Un dispositif logé dans la couronne mesure le couple  exercé et la résistance qui lui est opposée par le rouage. Quand la montre est  remontée, la couronne patine automatiquement et cesse de transmettre de la  force. Encore une fois, la généralisation de ce dispositif pratique est du à  Richard Mille. Il est également utilisé dans les séries Bugatti de Parmigiani  Fleurier ou la Dualtow de Christophe Claret.

Maximum  3
      Cette révolution fonctionnelle possède un  second visage, qui vise à rendre plus ergonomique le fonctionnement d’une des  complications les plus classiques qui soient, le quantième perpétuel.  Normalement, chaque indication du QP est modifiable par un poussoir correcteur  sur le flanc de boite. Mais on ne sait jamais lequel commande quoi, leur  manipulation raye la boite... Bref, le QP, à régler, c’est pénible. Ulysse Nardin  s’approche d’une solution avec son calibre UN-32, déjà ancien. Il autorise 5  réglages différents à la couronne. Pour le mois et l’année, il faut faire  avancer le quantième, qui entraine rapidement le reste des indications. En  termes de praticité, on n’y est pas encore… La couronne ne peut compter plus de  trois positions, dont deux tirées. Au-delà, il faut passer à autre chose. Le  sélecteur de fonction semble être la solution du moment. Reste à le combiner  avec des mécanismes plus sophistiqués, aux indications plus nombreuses  qu’aujourd’hui. Le quantième perpétuel est certainement la complication qui en  a le plus besoin. Jusqu’à ce qu’une nouvelle invention, solution ou combinaison  de systèmes préexistants prenne le relais et change, à nouveau, l’état de l’art  horloger.
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