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Le billet horloger
Minute, précisions!

Par Joël A. Grandjean



Prolongements publics.

Le consommateur final a une indigestion de communications marketing et de copié-collé communicationnels. Il aimerait bien se faufiler derrière le rideau et assister aux discours tenus entre professionnels… C’est possible!

A la manière d’un passionné de mode qui ferait le tour des fabriques de tissu et de ciseaux pour capter les tendances, l’amateur d’horlogerie, le collectionneur, s’offrirait bien de temps à autre une petite incursion en terres professionnelles. N’en déplaise aux services RP des marques et aux stratégies marketing formatées, il existe un choix d’événements qui, en raison de la densité de leur substance, mériteraient d’être infiltré par cette cible aux avant-gardes de la consommation horlogère.

Salon réservé aux professionnels.

Une fois par année, il y a pour commencer le salon international «EPHJ-EPMT», qui fêtera des 24 au 27 mai 2011 un double anniversaire, dont les 10 ans de l’environnement professionnel horlogerie et joaillerie. Seule manifestation internationale consacrée aux domaines de haute précision, conjuguant l’horlogerie et l’ensemble des micro-nanotechnologies, ce salon transforme le Palais des Expositions de Beaulieu, à Lausanne, en gigantesque marché de procédés, d’outils, de machines, de solutions techniques, de développements de complications et de tendances industrielles.

On y trouve de tout, sauf des montres. En d’autres termes, le produit fini y est banni, seuls sont autorisés les acteurs qui font l’horlogerie, en amont et en aval. Du spiral à l’écrin, en passant bien sûr par toutes les opérations effectuées sur un garde-temps, par les pierres précieuses ou les matériaux novateurs. Les exposants appartiennent à l’univers des fournisseurs. Un univers où il fait bon chiner ici une information confidentielle, là une trouvaille qui fera une année ou deux plus tard la une des gazettes horlogères. Ces gens-là, bien que soumis à la culture de la discrétion, n’ont pas pour autant leur langue dans la poche et pratiquent à l’envi le contraire du patois de Canaan. Une certaine omerta y règne toutefois, tant il est vrai que les marques clientes de ces incontournables acteurs de l’horlogerie, n’aiment pas toujours révéler leur secrets de fabrication, surtout lorsqu’elles font appel sans l’avouer à la sous-traitance. Il y a tout de même un hic. Ce salon est exclusivement réservé aux professionnels et il faudra un peu ruser pour en sillonner les allées…

affiche sscSSC, société suisse de Chronométrie, devenir membre.

Autre bannière à brandir les couleurs de la science chronométrique, la SSC, Société Suisse de Chronométrie, ouvre ses audiences à l’ensemble de ses membres, dont le nombre varie entre 1'000 et 1'200 selon les dernières communications officielles. Créée en 1924 à Genève, cette vénérable institution fait preuve d’une vigueur qui ne saurait faire l’économie d’un regain d’intérêt issu de la sphère des collectionneurs. Qui, en tant qu’amateurs éclairés, ne se sentiraient pas complètement perdus puisqu’ils en savent souvent plus que le simple vendeur en horlogerie, voire que la relation publique junior d’une grande marque horlogère. Pour devenir membre individuel, c’est simple. Il suffit de se connecter sur le site www.ssc.ch et de se soumettre aux procédures proposées. Les avantages sont multiples, outre l’accès à des bases de données contenant la plupart des trésors de l’horlogerie mécanique. Car la SSC organise des événements à haute valeur chronométrique ajoutée, comme des petits déjeuners thématiques d’une demi-journée, lancés avec succès en 2009 et ouverts aux élèves horlogers.

Evénements à forte valeur chronométriques.

Surtout, il y a chaque année, une Journée d’Etude qui voit défiler une poignée de conférenciers autour de thèmes pointus et passionnants, qui partagent en chaire et dans une immense salle transformée en studieuse atmosphère, leurs savoirs et leurs découvertes. Souvent, leurs présentations sont concrètement reliées à des produits du marché. Par exemple, les 28 et 29 septembre prochains, un ponte de la manufacture Zenith dépècera le calibre mythique El Primero, histoire d’expliquer comment, en 2010 et grâce au développement du calibre 4052 B (issu du calibre 400B Automatique), le principe des 36'000 alternances par heure a été rendu visible. Ainsi ouvrira-t-il le cœur de l’«El Primero Strinkin 10th» et racontera en quoi ce symbole horloger fait avancer le principe de la foudroyante. Autre exemple, Rolex, pourtant peu réputée pour ses confidences, y racontera par la voix de Frédéric Oulevey, l’aventure de la montre de plongée.

Tous les ans, l’événement, en raison d’un nombre grandissant de participants (741 inscrits en 2010 pour 500 attendus), ressemble à une rallonge de vacances horlogères en plein septembre. Day off! Le gratin des directeurs de production, des responsables des bureaux de recherches et de développement, entouré des meilleurs éléments, des petits et des grands patrons tant des marques que de la sous-traitance, fait le déplacement et, durant les pauses ou les repas, se livre à un gigantesque exercice de réseautage. C’est riche, c’est dense, ça frise parfois, lorsque d’improbables formules mathématiques ponctuent les exposés, l’indigestion intellectuelle. Du haut vol de qualité qui peut se prolonger par l’acquisition des «Actes», une publication regroupant l’ensemble des contenus débattus et celle, plus comestible, d’un hors série du magazine JSH – Journal Suisse de l’horlogerie. De quoi abreuver toutes les soifs de savoir.

14ème congrès trisannuel. Le Temps et le Sport.

Chaque trois ans, la Journée d’étude devient Congrès, sur deux jours. 2010 célébrera la 14ème édition du Congrès International de Chronométrie de la SSC, à Montreux, Auditorium Stravinski. Le tarif préférentiel réservé aux membres mérite bien quelque sacrifice bien plus accessible qu’un cours ou qu’une session d’études.

Chronographe encreur inventé par Nicolas Mathieu Rieussec
Pièce exceptionnelle présentée en exclusivité aux participants du congrès de la SSC, dans le cadre d’une expo-rétrospective de l’histoire du chronographe. Chronographe encreur inventé par Nicolas Mathieu Rieussec vers 1823, afin de mesurer les intervalles de temps lors des courses hippiques sous le règne de Louis XVIII. Ce modèle inspira Montblanc pour la création de la montre Montblanc Nicolas Rieussec en 2008. Prêté par Montblanc

Rendue encore plus sympathique par le fait que son bureau présidentiel fonctionne sur le principe d’une activité «de milice», c’est à dire non rémunérée, et qu’il effectue un tournus trisannuel entre chacune des régions horlogères de Suisse, la SSC prend conscience que ses événements pourraient bien concerner un public plus grand que celui uniquement des professionnels. Cette année, le thème choisi nourrit particulièrement cette réflexion: «Le Temps et le Sport, Défis Technologiques et Humains». Le sport est en effet omniprésent dans la vie de l’homme d’aujourd’hui. Et de s’offrir la présence exceptionnelle au micro de sportifs d’élite, des champions dont la notoriété et les palmarès ajoutent à l’aura grand public de la manifestation. D’agréables ponctuations entre deux conférences pointues, une manière de maintenir le rythme et d’illustrer à quel point les destins du sport et de la maîtrise de temps, notamment par le biais du chronométrage, sont liés.

Expo trop confidentielle.

Comme s’il fallait «faire mieux que nécessaire», preuve que l’esprit de l’horlogerie a encore de beaux jours devant lui, le comité d’organisation s’est fendu cette année d’une exposition offrant une rétrospective de l’histoire du chronométrage. Des pièces d’exception et des dates-clef qui mériteraient de jouer les prolongations en terres muséales publiques, bien que quelques géants du genre n’aient pas voulu ou pu y participer (Omega, Longines et Swiss Timing). Frustrés, les politiques alentours, prenant conscience de la valeur et des retombées de cette agape scientifique, en ont émis le vœu. D’autant que seront révélés, autre point fort méritant tribune médiatique, les lauréats du premier concours de chronométrie ouvert aux relèves des écoles d’horlogerie. 88 inscrits qui reçurent chacun un calibre école, le mouvement ETA 6498-1, et qui s’employèrent à grands renforts d’abnégation et d’investissement personnel, à le transformer en chronomètre.

Avis aux passionnés, aux aficionados et autres porteurs du virus horloger: la branche, de ce côté-ci de ses fondements, ne verrait certainement pas d’un mauvais œil votre discrète pénétration de ses sphères dites «autorisées». Car la passion gomme les frontières et titille les envies de partage…

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